Un colloque international interdisciplinaire
Ilaria Montagni a présenté l’e-cohorte CONFINS lors du colloque international interdisciplinaire « La santé mentale sur les campus universitaires face aux défis contemporains : de la discrimination à la COVID-19. Regards croisés : Communication, Droit et Psychologie. » qui s’est déroulé les 26 et 27 octobre 2020 à Toulouse (France).
L’objectif était de décrire l’impact de l’épidémie de COVID-19 et du confinement sur la santé mentale des étudiants à travers CONFINS et de comparer l’état de santé de ces étudiants avec celui de la population générale participant à cette même e-cohorte.
Une publication scientifique issue de cette présentation est accessible en ligne depuis février 2022 :
Ilaria Montagni , Julie Arsandaux , Mélissa Macalli , Stéphane Schück, Christophe Tzourio. Étude CONFINS sur la santé mentale des étudiants français lors du confinement en lien avec la COVID-19. La santé mentale sur les campus universitaires face aux défis contemporains : de la discrimination à la COVID-19. Regards croisés : Communication, Droit et Psychologie, Oct 2020, Toulouse, France. ffhal-03447858f
Focus sur les résultats
L’analyse des résultats de l’étude CONFINS a révélé que les étudiants présentaient, suite au 1er confinement de mars 2020, des niveaux de dépression, d’anxiété, de pensées suicidaires et de stress plus élevés que les non-étudiants, respectivement 32,5 % versus 16,2 %, 9,4 % versus 5,0 %, 11,7 % versus 7,6 % et 55,1 %versus 37,8 %.
L’article scientifique souligne que la spécificité des problèmes de santé mentale des étudiants face à l’épidémie de COVID-19 pourrait être liée en particulier :
- au fait de rester performant dans des conditions où l’angoisse et la solitude ont pu prendre le dessus,
- à l’isolement : souvent loin de leur famille, seuls en résidence universitaire ou dans leurs appartements en ville sans un accès extérieur, dans un isolement très strict, les étudiants montreraient des signes de souffrance inquiétants,
- à leurs faibles ressources économiques pouvant avoir engendré davantage de détresse psychique,
- à la distanciation sociale due à la fermeture des universités et l’impossibilité de se regrouper avec d’autres étudiants.
Préconisations des chercheurs
Selon les auteurs de l’article scientifique, l’université devrait jouer un rôle clé dans la prévention et dans la prise en charge des problèmes de santé mentale des étudiants.
Ils expliquent que les résultats obtenus via l’étude CONFINS pourraient être utilisés par les décideurs en milieu universitaire (personnel enseignant, administratif et sanitaire) pour mieux guider la population étudiante en temps de crise. Les auteurs appellent à une mise en place rapide de politiques d’établissement, de campagnes de communication, d’actions de promotion de la santé psychique et d’une offre de services de santé mentale
Et ensuite ?
Suite au colloque « Mental Health on Campuses », deux autres confinements ont eu lieu. De nouvelles initiatives ont pu voir le jour à l’université pour pallier à la détresse psychique des étudiants en complément des actions et outils déjà existants émanant d’associations (soutien-etudiant.info et Je peux en parler de Nightline France, Soins aux étudiants, Dites je suis là, Epsykoi, …) :
- augmentation des jobs étudiants pour pallier aux difficultés économiques des étudiants.
- recrutement d’une centaine de psychologues au sein de plusieurs services de santé universitaires.
- chèque Santé Psy Etudiant entré en vigueur en février 2021 : https://santepsy.etudiant.gouv.fr/
- formation Premier Secours en Santé Mentale (PSSM) généralisée et gratuite pour les étudiants dans les universités. Les informations sont disponibles auprès des services de santé universitaires.
- numéro national de prévention du suicide le 3114.
Mais ces outils sont loin d’être suffisants vu l’ampleur de la détresse psychologique de certains étudiants. Aussi tous sont affectés directement ou à travers leurs proches. Au sein du Lab Santé Etudiants, nous poursuivons la recherche sur le sujet. C’est-à-dire que nous mesurons et suivons la santé mentale des étudiants et que nous créons et testons des interventions et des outils pour favoriser le bien-être des étudiants. Cette recherche globale sert à prévenir de manière efficace les problèmes de santé mentale dans cette population. C’est tout l’enjeu de notre nouveau projet de recherche : Prisme.
EM
Crédits photos : irina-iriser-vPZMZsp-a04-unsplash