Un risque réel pour la santé…
Le protoxyde d’azote (ou gaz hilarant) est un produit disponible en France sous différentes formes : médicament inhalé (utilisé en anesthésie), cartouches de siphon à chantilly, etc. Il est détourné par les adolescents et les jeunes adultes pour un usage récréatif, seul ou en association avec d’autres produits psychoactifs.
Selon Shérazade Kinouani, médecin addictologue et chercheuse en épidémiologie au sein du Lab, « ce qui inquiète c’est son usage de plus en plus fréquent chez les adolescents et les étudiants. D’après des estimations faites au sein de l’étude i-Share, 15,8 % des étudiants bordelais en auraient consommé au moins une fois entre 2013 et 2016. Il est probable que ces chiffres soient encore plus élevés actuellement ».
Ceux qui consomment du protoxyde d’azote pensent que ce produit présente peu de risques pour leur santé, alors que des risques réels et immédiats existent : asphyxie par manque d’oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé, désorientation, vertiges, chutes. En cas de consommations répétées et à intervalles rapprochés et/ou à fortes doses, de sévères troubles neurologiques, hématologiques, psychiatriques ou cardiaques peuvent survenir. Enfin, la consommation associée à d’autres produits (alcool, drogues) majore les risques.
Découvrez le témoignage d’une jeune femme addict au protoxyde d’azote dans le reportage d’Envoyé spécial « Protoxyde d’azote : quand le gaz hilarant ne fait plus rire » :
… et un usage surtout festif chez les étudiants.
Le risque de prendre du protoxyde d’azote est donc réel pour la santé et l’usage chez les étudiants est croissant depuis quelques années.
Selon une enquête menée par l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives) et Sociotopie, les étudiants ont principalement recours au protoxyde d’azote à plusieurs en soirées. La substance inhalée vient alors modifier les sensations vécues. Les sons de la musique, la vision des lumières et la perception des mouvements diffèrent. Une impression de flottement et des sensations de picotements des membres peuvent être ressenties. Le but recherché est de rire et de vivre une expérience euphorisante.
D’après cette même enquête, les étudiants ont conscience des risques à court terme de dangers immédiats (perte de connaissance, brûlures…) et semblent connaître quelques pratiques de réduction des risques à suivre :
- consommer assis afin d’anticiper le risque de chute engendré par une éventuelle perte de connaissance,
- transvaser le gaz dans un ballon et attendre un instant avant de l’inhaler pour éviter les brûlures,
- consommer dans un « endroit sécurisé » (« à l’intérieur », par opposition à l’espace public),
- s’assurer de la présence d’une ou plusieurs personnes qui ne consomment pas du protoxyde d’azote au moment où d’autres vont en inhaler, afin d’assurer une surveillance et d’intervenir en cas d’incident (le rôle de celui ou celle qui surveille pouvant tourner),
- limiter le nombre de cartouches consommées et espacer les prises pendant la soirée pour éviter certains effet indésirables (maux de tête),
- ne pas conduire immédiatement après la consommation, etc.
Cependant, ils se montrent peu concernés par les conséquences sur leur santé dues à des consommations intensives et répétées (consommations décrites dans le reportage d’Envoyé spécial) qu’ils considèrent comme éloignées de leurs pratiques.
Il est donc primordial d’informer largement sur la réalité des risques encourus suite à des consommations intensives et répétées de protoxyde d’azote. Le niveau de vigilance de ce type de consommation dont les conséquences peuvent s’avérer parfois dramatiques doit être absolument maintenu à un niveau élevé.
EM
Sources :
https://www.drogues.gouv.fr/lusage-detourne-du-protoxyde-dazote-une-pratique-risques-de-plus-en-plus-repandue
https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxcg2c8_CP.pdf
https://www.ofdt.fr/publications/collections/periodiques/lettre-tendances/tendances-151/
https://addictovigilance.fr/rapports/protoxyde-dazote/
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